"Numéro neuf" - Le printemps de l'Elan (juin 2015)

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RadioBrunooo
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"Numéro neuf" - Le printemps de l'Elan (juin 2015)

Message par RadioBrunooo »

Le printemps de Pau

Le 22 avril 2014, une délégation du Forum était reçue au Palais pour assister à un entraînement et pour
rencontrer Claude Bergeaud. Didier Gadou, Sami Driss et D.J. Strawberry complétaient le casting. Je garde
un excellent souvenir de cette visite et surtout du long moment passé avec Claude Bergeaud. Je le revois
avancer ses arguments, un dans chaque main, si j’ai bon souvenir. Je l’entends encore rebondir sur les
rares questions pour nous abreuver de façon intarissable avec ses anecdotes, ses réflexions et donc, ses
arguments. Nous étions repartis bien plus tard que convenu, presque convaincus que l’avenir du club était
en marche. Un an plus tard, l’ambiance est toute autre.

"Il faut garder coach Bergeaud."
Le 18 mai 2015, une page s’est tournée. Celle de la présence de Claude Bergeaud à la tête de l’équipe
professionnelle de l’Elan. Pour certains supporteurs, c’était une évidence. Claude portait une responsabilité
importante sur les résultats décevants de cette saison. Peu de voix s’élevaient pour dire tout haut :
« Il faut garder coach Bergeaud ».

Ses détracteurs lui reprochent ses choix dans le recrutement des deux dernières années, son coaching et
le peu de temps de jeu accordé aux jeunes du centre de formation. Vous ajoutez quelques matches qui ont
fait mal cette saison, celui contre Chalons-Reims, entre autres, et vous arrivez à la conclusion implacable :
il faut du changement. Et pourtant, il n’est pas ridicule de penser qu’il fallait garder coach Bergeaud.
Il est juste impossible de balayer d’un revers de main son amour pour l’Elan et ses titres de champion.
Mais le basket professionnel en 2015 ne laisse plus de place aux valeurs sentimentales. Alors, essayons de
regarder les faits.

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Didier Gadou et Maher Abid qui encadrent leur nouveau coach, Claude Bergeaud, en 2012.

C'est bien de rêver.
Tout d’abord, l’objectif assigné au coach. Claude Bergeaud a été embauché il y a trois ans pour faire
remonter l’équipe professionnelle et pour l’installer durablement en ProA. Nous y sommes, l’objectif est
atteint. Même Sami Driss évoque « une saison mitigée avec des objectifs assez élevés » dans la remarquable
interview réalisée par le duo Joruus-Phoenix. Le capitaine parle d’un « échec relatif ». La déception légitime
du public palois découle d’une communication maladroite mêlée à un fantasme du supporteur. Un club qui
annonce un retour vers les sommets. Un supporteur qui attend des playoffs. Un autre qui voudrait voir du
basket champagne au Palais. Ou un dernier qui aimerait voir des joueurs du terroir porter haut les couleurs
du Sud-Ouest. Et là, c’est le drame.

C’est bien de rêver, c’est même vital. Mais de là à atteindre les sommets… En regardant l’effectif composé
cette année, il ne fallait pas imaginer passer en tête au Tourmalet. Au Soulor, à la limite, en faisant un départ
canon. L’équipe était composée de joueurs non référencés ProA, qui ont tenu leur place avec une réussite
discutable, et de joueurs plus chevronnés qui n’ont pas tenu leur rang. Pas de JFL dominant, pas de JNFL
réputé pour casser la baraque non plus. Sept équipes pouvaient prétendre aligner ce genre de joueurs.
Strasbourg, Nanterre, Limoges, Paris, Le Mans, Gravelines, Nancy. Il restait une place dans les huit pour les
playoffs. En espérant un accident industriel ou deux, ça laisse deux ou trois places pour tous ceux qui jouent
mieux que le maintien.

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Photo officielle de l'Elan 2014-2015. Un effectif pour viser des sommets?

Et les joueurs du terroir ? Encore faut-il en avoir qui puissent assurer, notamment sur le plan de la densité
physique. Vous vous retrouvez souvent avec des joueurs américains athlétiques et malins. En parcourant les
forums des supporteurs déçus par leur équipe, vous trouverez partout la même idée, surtout quand le budget
est annoncé en repli : développer des joueurs dans le centre de formation pour les faire jouer en pro. Plutôt
que de recruter des mercenaires. Agréable sur le plan philosophique, cette idée n’a porté aucune équipe vers
un titre ces dernières années.

En conclusion, Claude Bergeaud ne nous a pas fait rêver. En réalité, il a juste accompli sa mission. Il est
admissible qu’il n’avait pas ou n’avait plus la recette pour emmener cette équipe vers les sommets. Mais il
faut admettre qu’il avait la recette pour éviter de tutoyer la descente.

Une façon de considérer le joueur
Alors, certains avanceront que rien ne sert d’avoir un coach au passé glorieux et au soi-disant salaire qui va
avec, pour terminer treizième d’un championnat à dix-huit. Nous aurions un motif évident pour amener le
club à ne pas reconduire Claude Bergeaud : un choix d’ordre financier. L’Elan, s’il doit réduire la voilure, doit
choisir un coach moins cher. Ce raisonnement d’un froid calcul contraste singulièrement avec la chaleur
étouffante d’un Palais en fusion qui réclamerait la tête du coach pour des arguments sportifs suite à une
défaite de trop. Les fans de Claude Bergeaud, qui ne se déplacent plus qu’en véhicule aux vitres teintées et
avec des gardes du corps, ne s’arrêtent pas à une défaite de trop ou à un salaire. Ce qu’ils admirent chez
Claude, c’est sa façon de considérer le joueur.


Claude Bergeaud parle de sa nouvelle recrue, Kevin Dillard (décembre 2014).

Le joueur n’est pas un copain, ce n’est pas un collègue, ce n’est pas non plus un pion. C’est un homme dans
lequel il a confiance et avec lequel il espère faire progresser l’équipe.

C’est ainsi que nos joueurs non référencés ProA ont réussi quelques performances dignes d’un bon joueur de ProA.
Trop peu souvent à notre goût. C’est ainsi qu’il espère qu’un meneur américain expérimenté guidera l’équipe,
même s’il sort d’une saison blanche. Claude Bergeaud travaille pour partager cette confiance et construire un
projet collectif qui compensera les faiblesses individuelles et surtout qui fera émerger le talent de chacun.
Ensuite, c’est un engrenage. Si chacun trouve sa place et apporte sa pierre à l’édifice, vous pouvez bousculer
la hiérarchie établie et vous hisser en playoffs.

Ce qui le différencie nettement d’une majorité de coaches qui prient pour tomber sur l’Américain miracle qui
va vous mener vers le succès. L’Elan avait un peu connu cette chance l’an dernier avec DJ Strawberry. Cette
façon d’envisager la construction d’une équipe a peut-être découvert ses limites à Pau depuis deux ans. Elle
ne correspond certainement plus aux attentes des autres composantes du club.

Effectivement, au fil des événements et à travers les différentes interviews de Maher Abid, de Claude
Bergeaud et de Sami Driss, nous comprenons qu’il y avait des fissures dans l’édifice de la maison Elan. Un
président qui ne cautionne plus les choix ou les désirs du staff, les « incompréhensions » des joueurs au fil
des défaites et un directeur général qui n’arrive plus à cimenter le tout pour définir un cap réaliste. Et c’est
bien cette dimension qui prime. Pour qu’une équipe professionnelle réussisse, il faut une cohésion à la tête
du club. Nanterre et Strasbourg sont des exemples en la matière. Je ne cite pas Limoges, je tiens à ma santé.

Le successeur sera meilleur.
En conséquence, en 2015, c’est le printemps de Pau. L’organigramme est revisité. Départ annoncé du
président, non reconduction du coach, choix d’un nouveau président, puis d’un nouveau coach. C’est ce
dernier choix qui fait discussion, bien évidemment. Rien n’empêche un club de désirer un nouveau coach.
Mais, pour le coup, il faut une vraie conviction : croire que le successeur sera meilleur, qu’il aura de meilleurs
résultats, qu’il rendra l’équipe plus attractive. Facile, des techniciens, il y en a des tas, il suffit de scruter le
marché.

D’office, vous oubliez le coach étranger qui apporterait sa culture basket, une vraie différence et souvent
une ponction dans les caisses. Les récentes expériences Giannakis ou Pavicevic ont refroidi les ardeurs des
clubs français pour un moment.

Vous évitez aussi le jeune coach qui aurait fait ses preuves à l’étage inférieur. Trop risqué et déjà vu à l’Elan
sans succès.

Vous pouvez embaucher une valeur sûre du Championnat de France. Je n’en vois pas de libre. Ah si, Gregor
Beugnot. En regardant de plus près, nous avons « perdu » Jean-Luc Monschau, Frédéric Sarre, Jean-Louis Borg,
Gregor Beugnot et Claude Bergeaud en deux ans. Peut-être une page qui se tourne aussi dans une ProA qui
bouge.

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Jean-Louis Borg, annoncé un peu partout, a finalement quitté son banc.

L’affaire est donc compliquée. Pourtant, en toute tranquillité, l’Elan s’est permis d’embaucher le coach le
mieux noté sur le marché, puisque deuxième aux trophées LNB derrière l’intouchable Vincent Collet. Un coach
qui connaît le championnat avec trois saisons au compteur. Un coach qui affiche cette saison un bilan de 19
victoires et 15 défaites, le même bilan que celui du plus gros budget du championnat, l’Asvel. Sans bénéficier
des renforts d’Alex Acker et de Trenton Meacham en cours de saison. Avec 4 JNFL. Ce sont des éléments qui
comptent.

Mais bon sang ! Puisque je vous dis que ce n’est pas le plus important. Ce qui prime, c’est la cohésion de ces
hommes à la tête du club. C’est un nouveau cycle et les choix paraissent logiques. Et ce qui marque, c’est
l’envie de travailler ensemble. Les vidéos de la conférence de presse montrent des hommes qui semblent sur
la même longueur d’onde et qui manifestent l’envie de travailler ensemble. Certes, une conférence de presse,
c’est une vitrine, il faut faire impression. Je vous invite à comparer, pour les curieux, vous pouvez visionner
ceci :



Au-delà des mots, observez les visages, notamment celui de Pierre Vincent. Vers la 19ème minute, vous
pouvez admirer l’enthousiasme du Président du conseil de surveillance à propos du maintien du coach. Le
supporteur orléanais est (déjà) dans le doute. Je vous rassure, aucune tentative de suicide signalée à la suite
de cette conférence de presse.

Le 22 avril 2014, dans la salle de presse du Palais, l’ambiance était nettement plus détendue. Après avoir
beaucoup écouté, après avoir partagé quelques verres, je ne sais plus comment, est arrivé sur la table le
sujet de l’élection du meilleur coach de ProA. C’est Claude qui en parle, je crois, et il nous demande qui on
aurait mis. Personne n’a la flagornerie de le citer, on entend parler de Borg, on raille Dupraz, c’est de bonne
guerre. Et puis Claude nous révèle son choix : Eric Bartécheky.

C’était écrit.

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Eric Bartécheky, nouveau coach de l'Elan en 2015.

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